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Les témoignages des victimes de l’affaissement de Ben Aknoun Après avoir frôlé la mort, une autre vie pour les rescapés

 

Horizons du 03/12/2016 par Neila Benrahal

vendredi 19 novembre. 20h. Lieu, rocade sud reliant Zéralda à Dar El Beïda. Karim Bouzelha, un jeune de 27 ans, était à bord de son véhicule, accompagné de sa mère hadja Dehbia, sa sœur Amel et ses deux filles Douaâ et Alae, deux jumelles âgées de 10 ans.

La famille était de retour d’une fête de mariage et se rendait chez elle à Dergana, à l’est de la capitale. Amel, la maman, discutait avec sa mère, sur le déroulement de la fête. Derrière eux, roulait la voiture de Nabil, le frère de Karim, accompagné de son épouse et sa petite nièce. Soudain, le véhicule de Karim, une Suzuki, chute dans un fossé avant de se renverser sur le côté gauche. Le jeune, qui s’est confié pour la première fois à la psychologue de la Protection civile, Leïla Kechaïri, est revenu sur cet incident particulier.

On pensait qu’on allait mourir 

Nous l’avons rencontré mardi dernier, chez lui, avec sa mère, elle aussi rescapée de la chute, dans le cadre d’une visite organisée par la sous-direction de l’action sociale de la PC. Le lieutenant Djamila Fareh, de la Direction de la protection civile d’Alger, était chargée de la coordination et de la préparation de cette rencontre. Les psychologues de la PC ont été chaleureusement accueillis par les familles, livrées à elles-mêmes depuis l’accident, en l’absence de suivi psycho-médical. 
Aucun responsable ne s’est rendu chez les rescapés, à l’exception de la Protection civile, ont-ils déploré. Karim parle difficilement de cette nuit d’horreur : « Je conduisais mon véhicule et je n’ai pas vu le cratère. J’ai chuté et je n’avais pas réalisé ce qui venait de nous arriver. Il faisait noir et froid. Les vitres étaient cassées et l’eau s’infiltrait à l’intérieur. J’ai commencé à prononcer la Chahada et j’attendais la mort. Mais tout d’un coup, j’ai décidé de sortir du véhicule qui glissait vers un tunnel mais j’étais coincé par la ceinture de sécurité. J’ai usé de toutes mes forces et j’ai réussi à sortir du véhicule. Il faisait très noir et j’ai pu voir des voitures qui ont chuté.
J’entendais les cris des victimes. J’ai fait des efforts pour faire sortir ma mère. Mes deux nièces, coincées sous les sièges arrière, criaient et pleuraient. Je devais les faire sortir avec leur maman. C’était très difficile car il faisait très froid. Ma mère a été forte et solide. Elle a fait sortir ma sœur en la poussant avec sa tête à l’extérieur du véhicule. J’ai entendu des voix. C’était celles des automobilistes qui se sont mobilisés pour nous secourir. Il fallait sauver les filles, qui étaient toutes mouillées et très effrayées. C’est Farid Mekhbout, un homme d’un certain âge, qui a chuté lui aussi, qui a décidé de secourir les filles. On a su par la suite que c’est un policier. Il est monté sur le toit du véhicule Partner pour les hisser à l’extérieur avec l’aide des personnes présentes. C’était très risqué à cause du vide entre les véhicules dans ce fossé. » Karim a tenu à rendre hommage à tous les personnes qui se sont mobilisés pour sauver les blessés, au risque de leur vie, particulièrement Farid, qui s’est fracturé le genou et n’a pas voulu sortir avant le sauvetage des victimes. « Ma mère ne voulait pas sortir. Elle criait après ma sœur, et ma sœur après ses deux jumelles. Chacune d’elle voulait sauver ses filles, mais Dieu merci, nous sommes sains et saufs. Moi, j’ai été hissé par une corde. C’était une nuit particulière, et Dieu a décidé de nous donner une autre vie. Merci à Dieu et aux jeunes qui ont fermé la route après l’affaissement et ont sauvé les blessés », a-t-il confié à la psychologue, tout en rendant hommage au personnel médical de l’hôpital Selim-Zmirli 
d’El Harrach, qui étaient au chevet des blessés.

Hommage à Farid, le policier rescapé 
La mère de Farid, hadja Dehbia, souffre de courbatures. « J’ai vu la mort, ma fille, dans un trou noir. C’était la nuit la plus longue dans ma vie. J’ai bu trop d’eau et j’étais toute mouillée. Je n’attendais que la mort mais à un certain moment, j’avais hâte de mourir pour en finir avec ce cauchemar.
J’avais très peur pour ma fille et ses deux jumelles », a-t-elle dit en pleurs. Cette rescapée, ayant tenu le coup jusqu’à la dernière minute, sans paniquer, a confié qu’elle n’a pas pu dormir durant deux nuits. « La scène me revient chaque nuit. Je suis devenue très vigilante. Je remercie Dieu d’avoir sauvé ma famille. » Hadja Dehbia ne sort plus de la maison depuis cet accident. Pour elle, « el hofra » (l’affaissement du terrain) n’est pas une blague partagée dans les réseaux sociaux mais un miracle, un traumatisme pour les rescapés mais il a démontré ce sens de solidarité chez les Algériens. Son fils Nabil est « une victime indirecte », selon la psychologue. Il a vu le véhicule de son frère Karim tomber dans le cratère. « Il est toujours sous le choc. Il était parmi ceux qui ont secouru les blessés », a rapporté sa mère.

Alae et Douaâ, les deux jumelles miraculées 

Amel est une rescapée de l’affaissement. Les blessures au visage et sa main dans le plâtre renseignent sur son traumatisme. « J’étais avec mon frère, ma mère et mes deux jumelles. J’ai vu la mort. On a chuté et j’ai entendu par la suite des bruits de véhicules. Fort heureusement, il n’y avait pas de poids lourd ou de bus. Sinon, nous serions morts écrasés. J’ai réalisé par la suite que nous étions dans un cratère, une tombe, tout en bas et nous glissions vers le tunnel. 
Je criais : je vais mourir et laisser mes enfants encore jeunes, et pas loin un homme hurlait : on a tué mon bébé. C’est un nourrisson de 4 mois, mais il en est sorti indemne. Ma mère m’a tirée du véhicule et m’a aidée à extraire mes deux filles. Un homme nous a aidés à remonter. Pour moi, à cause d’une fracture à la main et de mon poids, c’était plus compliqué. » Les deux jumelles Douaâ et Alae ont pu surmonter la situation. « A l’école, nous étions les jumelles, maintenant les miraculées de la hofra. C’était terrible car nous étions noyées. Nous avons commencé à glisser mais un homme nous a aidé à sortir. Je me rappelle de tout », a raconté Douaâ. Amine, Rafik, Mounia, Farid, Farès, Abdelkrim, Karim, Dehbia, Amel et les deux jumelles, des rescapés, ont été tous pris en charge par les psychologues de la Protection civile. Ils ont confié qu’ils sont plus réconfortés par cette visite des soldats du feu, cette fois en uniforme de « psy ».
Neïla Benrahal

Trois questions au colonel Ali Brouri

« Une entité qui gère tous les psychologues lors des catastrophes, une nécessité »

Entretien réalisé par Neïla B.
Le sous-directeur de l’action sociale à la Direction générale de la protection civile (DGPC), le médecin-colonel Ali Brouri, plaide, dans cet entretien express, pour la mise en place d’une entité qui gère les psychologues des différents secteurs, lors d’une catastrophe ou dans une situation de crise.

Une équipe de psychologues de la Protection civile s’occupe des rescapés de l’affaissement de terrain de Ben Aknoun. Qu’en attendez-vous ?

C’est une initiative du directeur général de la Protection civile, le colonel Mustapha El Habiri. Elle a été décidée conformément aux recommandations du séminaire sur l’activité des psychologues, organisé par la Sous-Direction de l’action sociale (SDAS), à Blida, les 21 et 22 septembre dernier. 
Les psychologues ont demandé à ce qu’il y ait des terrains d’expérimentation pour intervenir en cas de catastrophe ou de crise. Le DGPC, qui a donné son accord à leur demande, a jugé utile de les envoyer au chevet des victimes de l’affaissement du terrain de Ben Aknoun (Alger) où 11 personnes ont été secourues et sauvées. Un plan a été mis en œuvre où nous avons mobilisé des psychologues des wilayas limitrophes, de Blida, Alger et Boumerdès. Cela permettra aux psychologues qui n’ont pas eu à intervenir lors de catastrophes d’être formés et d’avoir une expérience sur le terrain. Cette décision vise tout d’abord à intégrer et à rendre opérationnels nos psychologues.

Justement, une prise en charge psychologique précoce s’impose dans ces cas ?

Nous avons dépassé la phase difficile. Maintenant, c’est la phase du rétablissement et de la résilience, ce qui permet, grâce à l’intervention des psychologues, d’accélérer la résilience et le retour à la normale, et le cas échéant, trouver des cas de prise en charge au niveau des secteurs habilités comme la santé et faire le lien entre eux et les psychologues de santé publique. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité.

Lors du séminaire sur l’activité des psychologues, vous avez mis l’accent sur la nécessité de la coordination entre les psychologues des différents secteurs. Pourquoi cette recommandation ?

Effectivement, notamment lors des catastrophes, il y a plusieurs psychologues sur le terrain. Ils sont issus de la santé, de la solidarité, de la justice, des établissements pénitentiaires, de la Sûreté nationale, de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile. Il faut mettre en place des gestionnaires de crise et de catastrophes, une entité qui gère ce flux de psychologues en situation de catastrophe, donc les sensibiliser à prendre en charge les aspects organisationnels parce que l’organisation échoit à la Protection civile. C’est nécessaire pour la traçabilité de l’opération mais également une transmission de l’information entre les psychologues des différentes structures. Je tiens à signaler l’intervention d’autres structures non institutionnelles à l’instar du Croissant-Rouge et des associations. Un cadre organisationnel est donc plus que nécessaire, je ne parle pas de cadre juridique, mais d’organisation qui permette une bonne prise en charge du patient.
N. B.

http://www2.horizons-dz.com/?Apres-avoir-frole-la-mort-une

http://www2.horizons-dz.com/?Une-entite-qui-gere-tous-les

http://www2.horizons-dz.com/IMG/pdf/02-03-12-2016bb.pdf   page 10

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