Conseil du jour

Il a men nwen teb3et iwellihen n yghallen n usellek suite à des erreurs de prévention en matière de sécurité, l’absence d’une bonne aération  et la  mauvaise utilisation des appareils de chauffage et chauffes bain mis en cause dans de nombreux cas signalés. La baisse de température favorise le risque lors de l

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A grand homme, grandes œuvres et modestie

Colonel Lakhdar El-Habiri dit Mustapha

Par Leila BOUKLI

Pareillement à tous les jeunes de son âge, né sous le joug de l’oppression coloniale, le jeune Lakhdar El-Habiri ne trouvera pas de réponses aux questions lancinantes que posait sa condition de colonisé sur les bancs de l’école mais ailleurs dans le mouvement des Scouts musulmans algériens où la discipline, le respect d’autrui et l’altruisme sont loin d’être de vains mots avant que sa conscience politique ne s’aiguise et que ses vues ne se radicalisent vis-à-vis de l’oppresseur étranger, au sein du PPA qu’il rejoint alors qu’il est âgé à peine de treize ans. Même si pour ce jeune plein d’ambitions l’appel du FLN de 1956 sonne le glas des études et des rêves de leur approfondissement ainsi que du statut qu’ils pouvaient permettre d’atteindre, il n’en répondait pas moins à ses vœux les plus secrets et les plus chers, ceux de la liberté et de la dignité enfin recouvrées. Il choisira donc le rude chemin du sacrifice et du don de soi pour le triomphe de cet idéal en rejoignant la Wilaya V, plus exactement les zones 7 et 1 de 1956 à 1961, année au cours de laquelle il est blessé lors d’un accrochage avec l’ennemi et évacué vers le Maroc.
Aussitôt après son rétablissement, il suit une formation à l’Ecole des cadres de Larache (Maroc) préalable à son retour dans les maquis de l’Ouarsenis. Mais les responsables de l’Organisation décident de le maintenir en territoire marocain où il participe à la prise en charge des blessés acheminés des maquis de l’intérieur vers des terres plus amènes. C’est l’époque où nait l’idée de créer le Croissant-Rouge algérien, à la matérialisation de laquelle il participera activement.
Au lendemain de l’indépendance, il rentre au pays à la tête d’un bataillon qui sera successivement cantonné dans la région de Tiaret, d’Oran puis d’Alger avant de participer à la bataille des sables, à la suite de l’agression marocaine, à la tête d’un sous-groupement (3 bataillons), au niveau de Fort Lotfi, entre Béchar et Tindouf. Il se verra confier la direction de la Police militaire pour l’ensemble de l’Oranie; fonction qu’il assumera de 1963 à 1964 avant d’être appelé à suivre une formation de haut niveau (état-major interarmes) à l’Académie militaire de Frounze, en ex-URSS.
A son retour au pays, il fera partie de cette élite engagée qui mettra en œuvre son savoir-faire et son expérience au service de l’institution militaire, jetant ainsi les bases nécessaires à la construction et à l’organisation d’une armée moderne, l’ANP, digne héritière de l’ALN à travers les diverses fonctions qu’il a occupées et qui le feront passer par la 4e Région militaire, la 2e, des forces aériennes en tant qu’adjoint au commandant de l’Ecole supérieure de l’Air (Tafraoui), des Services de l’Ecole de la santé militaire de Sidi Bel-Abbés, de l’Académie interarmes de Cherchell pour une formation, du commandement de l’Ecole supérieure de l’administration et de la logistique, de la Direction centrale des services communs au MDN, d’attaché de Défense du bureau militaire de Tunis en 1987 avant d’assumer la direction centrale des services de la santé militaire. En 2001, le Président Abdelaziz Bouteflika lui confie les destinées de la Protection civile dont il établira un état des lieux qui lui fera prendre la mesure de l’énorme retard accumulé par le secteur et d’envisager un ensemble de solutions radicales à même d’en garantir l’adaptation, tant escomptée, aux changements multiformes de la société, préalable à la prise en charge efficiente des missions qui lui sont imparties.
Un énorme et énième défi qu’il acceptera de relever, puisant sa foi en la réussite dans ce courage hors pair qui l’anime et ce sens du sacrifice que tant de combats ont fini par lui inculquer. Meneur d’hommes, élevé dans la rigueur de la discipline, nourri par un solide enseignement militaire ainsi que par une longue expérience dans la gestion d’aussi nombreux que variés services de l’armée et doté d’une vision prospective claire et pragmatique, il mettra toutes ses qualités au service du secteur de la Protection civile; réussissant à lui insuffler une dynamique de changement qui concernera tous les domaines. Les rapports d’amitié qu’il a pu tisser avec d’illustres cadres de l’Algérie combattante dont le destin a fait se croiser les chemins avec le sien et qui ont par la suite présidé aux destinées du pays, tels que Ben Bella, Boumediene, Bendjedid, Zeroual et Bouteflika ont, quelque part, servi la cause de l’Institution.
La survenue de plusieurs situations de catastrophes lui permettra de plaider en faveur du renforcement des effectifs qui, de moins de 17.000 hommes en 2000, vont passer à près de 60.000 éléments, l’équivalent de 4 divisions, soit un corps d’armée de professionnels, présents partout et mobilisés en tous temps. Grâce à cet apport en moyens humains, il réussit à mettre en œuvre la politique de spécialisation du corps matérialisée par la création d’un ensemble d’entités nouvelles favorables à une meilleure prise en charge des risques aussi complexes que diversifiés induits par le développement multiforme de la société, telles que les colonnes mobiles de lutte contre les incendies de forêt, les équipes de sauvetage-déblaiements, cynotechniques, de lutte contre les risques nucléaire, radiologique, biologique et chimique, de reconnaissance et d’intervention en milieux périlleux, motorisées, de plongeurs ou encore celles du groupement aérien… La modernisation du secteur et sa mise à niveau sollicitées auprès des hautes instances du pays, recevront un écho favorable à travers l’application des différents programmes de développement et de relance économiques (PSRE, PCSCE, PCD, PSD, PHP, Fonds Sud et Programme présidentiel) qui en favoriseront la concrétisation, permettant au patrimoine immobilier de connaître une formidable expansion et d’assurer une couverture opérationnelle de la quasi-totalités des daïras et au parc de véhicules (camions, ambulances, et autres équipements de pointe constituant la force de frappe du secteur) d’exploser littéralement. Croire que cet homme de terrain qui porte toujours son nom de guerre de Mustapha par fidélité à cette lutte légitime pour la consécration des idéaux de liberté et de dignité, peut s’arrêter en si bon chemin, c’est méconnaître sa détermination sans cesse renouvelée de relever de nouveaux défis et d’engager d’autres combats contre les idées reçues en ouvrant, à titre d’exemple, les portes de l’Institution aux citoyennes de l’Algérie affranchie ou en faisant confiance aux jeunes diplômé(es) des universités et instituts d’études supérieures, en leur confiant d’importants postes de responsabilité, relevant ainsi le niveau des compétences sans parler des autres axes de cette politique sur laquelle il oriente ses cadres vers les opportunités de collaboration aussi sérieuse qu’approfondie avec les universités et autres instituts en vue de la création de masters et autres nouveaux diplômes supérieurs et de post-graduation en relation avec les diverses et complexes missions du secteur. En matière de coopération, il optera pour une politique favorable à l’acquisition et à l’adaptation des technologies et techniques les plus avancées, favorisant une étroite collaboration avec les partenaires français qui, en matière de sécurité civile possèdent de sérieux atouts à faire valoir. Comme quoi Mustapha El-Habiri, l’ancien combattant de la liberté est également cette âme noble et généreuse capable de transcender les rancœurs du passé et d’envisager sans complexe et avec sérénité la meilleure défense qui soit des intérêts du secteur.
A travers ce partenariat se sont matérialisés d’ambitieux programmes ayant permis la formation de haut niveau de plusieurs milliers de cadres (plus exactement 6500) dans de nombreuses spécialités et de mettre l’accent sur la formation des formateurs dont la mise en œuvre constitue la meilleure garantie à la transmission du savoir et des connaissances. La formidable impulsion donnée aux rapports de coopération en matière de sécurité civile entre l’Algérie et la France n’a pas manqué d’être appréciée de l’autre côté de la rive et à telle enseigne qu’il fut proposé à la plus haute distinction de la République française, à savoir celle de Chevalier de la légion d’honneur; une décoration qu’il déclinera avec beaucoup de tact et de bienséance, n’écoutant que sa franche et familière humilité. Pour cet homme qui a foi en les idées qui bousculent et font résolument bouger les choses que de domaines jusque-là inexplorés par le secteur n’a-t-il pas investis, animé par cette volonté inextinguible de vaincre les distances et de réduire les délais des interventions en permettant au corps de créer son groupement aérien avec ses pilotes (20 entre hommes et femmes) et sa flotte d’hélicoptères, ses parachutistes, le premier centre de médecine hyperbare en Algérie avec ses spécialistes en hyperbarie, les équipes NRBC… Ces idées ne lui ont-elles pas permis de vaincre l’ignorance des citoyens face aux dangers qui les guettent et menacent leur environnement en les rendant aptes à se prendre en charge face aux risques et à en protéger les autres, grâce à la formation dans le secourisme et dans les premiers gestes qui sauvent qu’il a initiée au profit des larges masses. N’est-il pas aujourd’hui à la tête de 60.000 secouristes bénévoles, une véritable armée de réserve mobilisable et prête à se joindre aux 60.000 professionnels du corps dans l’accomplissement des opérations de secours et de sauvetages lors des situations de catastrophe ou d’urgence? Si aujourd’hui, la Protection civile jouit de la confiance aussi bien des autorités que des citoyens et est en mesure de s’acquitter des missions qui lui sont imparties sur terre, en mer et dans les airs, c’est parce qu’un homme y a cru et n’a jamais fléchi devant les obstacles qui se sont mis en travers de son chemin, parce qu’il n’a, à aucun moment cessé d’y œuvrer, avec l’enthousiasme et la détermination d’un être profondément convaincu de la justesse de ses vues, des innombrables avantages qu’est à même d’offrir leur concrétisation et de l’immense satisfaction que tout un chacun est capable d’en tirer. Ce qui est remarquable dans l’attitude de ce bâtisseur infatigable, c’est cette propension à mettre en avant l’institution, à faire preuve de prolixité quant aux actions que ses hommes ont pu accomplir grâce à leur courage et à leur professionnalisme, oubliant de se rendre justice au point de s’effacer, continuant de cultiver cette modestie qui appartient à ceux qui font l’histoire et y gravent leurs noms en lettres d’or et de lumière pour la postérité.

 L. B.

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